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19 février 2010
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08:00
Pour une fois, ce ne sont pas des photos (je suis en manque !) mais une histoire que je vais vous raconter.
Une histoire vraie, une qui fait partie de ma vie, alors, "si j'la connais"...
Il était une fois, donc, un Daniel Hèm qui faisait de la randonnée pédestre, et qui pour changer de parcours de temps en temps, faisait "un linéaire", c'est à dire partait d'un endroit pour arriver à un autre, différent du premier (au lieu de faire une boucle, bien plus pratique).
J'avais déjà fait ce système, en variant mon parcours entre le départ et l'arrivée, et pour me rendre au départ, j'avais trouvé LA solution : y aller en auto-stop, car il n'y avait ni bus, ni train, entre le bourg où j'habitais à l'époque et la périphérie de Rouen, mon point de départ.
Ce jour-là, confiant comme d'habitude (ça avait bien fonctionné les 3-4 fois précédentes), je fais du stop, et presque aussitôt, une voiture s'arrête.
J'ai le temps de remarquer que cette voiture a au moins 4 couleurs, le capot pas comme les ailes, ni la portière droite et le toit ; curieux.
Et pas immatricuée dans un département proche, re-curieux.
Mais bon, une voiture s'arrête, c'est ce que je voulais !
Le conducteur, un homme d'une trentaine d'années, me demande où je vais, je le lui dis, mais comme il ne connait pas la région...
Il m'emmène et rapidement, me demande ce que je vais faire, et trouve sympa de faire de la randonnée, on en discute un peu.
À un moment, il me propose une cigarette.
"Non, merci, je ne fume pas
- Ça ne vous dérange pas si j'en fume une ? (on est en 1997, ce n'est pas encore "la chasse aux fumeurs" !)
- Pas du tout (j'aime pas ça, mais quand même !), je vous en prie, et c'est votre voiture...
- Oui, mais je préfère demander pour ne pas déranger les gens...
L'homme continue : "En fait, cen'est pas ma voiture, mais celle d'une amie qui me l'a prêtée, la mienne est en panne.
Vous pouvez peut-être me renseigner d'ailleurs, je vais travailler à Grand-Quevilly, au théâtre Charles Dullin, mais je ne sais pas où c'est ?".
Je le renseigne sur la route à prendre à partir du moment où il m'aura déposé, en me disant que ça fait pas mal de kilomètres pour aller travailler un samedi dans un théâtre avec une voiture "limite" ; je n'ose pas demander à ce monsieur si aimable et serviable ce qu'il va faire comme travail (électricien ? machiniste ? "les décors sont de Roger Harth"...).
Lorsque nous arrivons à l'endroit où il doit me déposer, il se gare, et me souhaite une bonne marche et une bonne fin de journée, et moi, "bon courage, merci encore, bonne journée également" : assaut d'amabilité réciproque sans effort de ma part ni de la sienne, j'en suis persuadé.
Je me mets en marche et en 30 secondes, j'ai oublié ce trajet (c'est déjà la tête, docteur...).
Ça va, vous suivez, pas trop pénible ?
La suite : 25 km et 6h30 plus tard, j'arrive chez moi, me débarasse de mes affaires d'homme des bois, et retrouve mon (ex) épouse devant la télévision, une looonnngue habitude...
"Bonjour, ça va ?
- Oui, ça s'est bien passé ?" (le ton pincé quand même, car elle n'aimait pas mes escapades improductives : le bricolage maison ne se faisait pas...).
Je réponds que oui, en lui proposant un café, et je vais à la cuisine puis rapporte 2 tasses de café.
Je m'asseois et jette un oeil sur la télé tout en commençant à expliquer mon périple.
Aussitôt, je m'exclame "Mais je le connais, ce gars-là, il m'a pris en stop ce matin
- Arrête tes c...ries, c'est un chanteur, c'est "Télé pomme" (ancienne émission régionale de FR3 Normandie du samedi après-midi, que je ne voyais jamais, pour situer)
- Je ne sais pas qui c'est, mais il m'a pris en stop ce matin, je suis sûr que c'est lui"
Et à la seconde, le présentateur gominé d'annoncer "Et maintenant, Renaud Hantson va vous interpréter ... avant son spectacle de ce soir au théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly"...
Renaud Hantson... Celui que vous entendez chanter en ce moment...
Moi qui fredonnais souvent une de ses chansons de l'époque, qui passait alors à la radio...
Assis à côté de lui (ce qui n'est pas la meilleure place pour voir quelqu'un), et qui ne l'avais pas reconnu, le prenant pour... un électricien, un machiniste...
Une des hontes de ma vie...
Je revoyais les moments de cette rencontre qui n'a duré que 20/25 minutes, j'entendais à nouveau les paroles de cet homme d'une amabilité, d'une courtoisie, d'une prévenance non ordinaires...
Terrible... Un électricien...
Je me suis dit alors "Qu'a-t-il pu penser de moi, qui ne l'ai pas reconnu ? A-t-il trouvé que moi, j'ai été aimable et poli ?"
J'ai pris le téléphone et appelé les studios de FR3, j'ai eu un correspondant et lui ai narré ce que vous venez de lire (en abrégé...), lui demandant de remercier "en direct" Renaud Hantson de la part du randonneur du matin.
Ça n'a pas été fait en direct, et je ne sais pas si le message a été transmis par la suite.
Je ne pense pas que Renaud Hantson regarde ce blog (pas la peine que des petits malins se fassent passer pour lui
), mais
devant vous, je lui renouvelle mes remerciements pour son geste et son amabilité, et je lui présente les excuses tardives d'un asinus randonnus.Jusqu'au bout, moi, je me souviendrai de cette journée...
Renaud Hantson par Wikipédia
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